Persévérer malgré les effets de la COVID sur la santé mentale

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Stephanie Price, Ph.D., C.Psych.

5 minutes de lecture 

Le stress. Un élément incontournable de la vie humaine. C’est le trafic sur le chemin du travail, une toux soudaine, le sous-sol inondé, la restructuration qui s’annonce au bureau. Notre aptitude à surmonter le stress et l’adversité ainsi qu’à s’y adapter favorise la croissance, le développement et la résilience. C’est la raison pour laquelle on se sur-prépare pour une présentation, on évite les magasins à grande surface le samedi matin et on demande une journée de congé pour motifs personnels.

La COVID. Elle n’est pas un élément normal de notre vie. Elle représente cependant la nouvelle normalité. Nous ne l’avons pas demandée, nous n’aurions même pas pu nous y préparer, et pourtant elle a complètement bouleversé notre façon de vivre. En s’ajoutant aux stress habituels de la vie, la COVID et ses conséquences chroniques ont fait grimper en flèche notre stress quotidien, jusqu’à un niveau que notre cerveau n’est pas vraiment conçu pour affronter.

L’intensification du stress épuise nos ressources, mentalement comme physiquement.

Chaque individu vit la pandémie à sa façon. Certaines personnes en subissent peu les effets; elles ont pu continuer à travailler, personne dans leur famille n’est malade, ou encore elles ne voient aucun inconvénient à rester à la maison et à éviter autrui. D’autres personnes ont plus de difficulté : elles ont perdu leur emploi, elles doivent cumuler les rôles de parent et d’enseignant, elles craignent de tomber malades. Quel que soit l’impact de la COVID sur votre vie, la plupart des gens ont remarqué un certain changement dans leur mode de fonctionnement, un changement qui peut prendre diverses formes : irritabilité accrue, tristesse, anxiété, peur et chagrin, sommeil perturbé, problèmes physiques, changement de poids, etc.

En cette pandémie, il est difficile de recourir aux stratégies d’adaptation qui nous ont bien servi dans le passé. Pendant des mois, nous avons subi un isolement social, incapables de nous adonner à de nombreuses activités agréables, et une foule de services de soutien ont été mis en pause. La COVID nous a imposé un changement de vie subit et radical. Les derniers mois ont vraisemblablement donné lieu à un certain ajustement, où nous avons appris de nouvelles façons de vivre, de communiquer et de trouver le bonheur. Cependant, alors que nous entamons de nouvelles phases du processus de réintégration communautaire, nous pourrions observer une autre montée en flèche de nos niveaux de stress.

Pour atténuer l’impact de ces nouveaux stresseurs, la liste de contrôle suivante pourrait vous aider, ainsi que votre famille, à accroître votre capacité d’adaptation et de votre résilience :

  • À la maison, encouragez une alimentation saine, l’exercice et le repos.
    Ce sont là des besoins humains fondamentaux qui, adéquatement satisfaits, peuvent rehausser votre résistance au stress. Comme votre programme d’exercice peut avoir changé ces jours-ci, expérimentez des activités physiques agréables et facilement accessibles (par exemple des activités de plein air ou des cours de yoga en ligne).
  • Surveillez votre propre niveau de stress, surtout si vous êtes parent ou aidant.
    Comme parent ou aidant, vous représentez un baromètre à l’aune duquel vos enfants évaluent comment ils doivent se sentir et réagir. Si vous semblez stressé, le cerveau de votre enfant se dira « Je devrais être stressé aussi » puis activera sa réponse au stress, même si l’enfant ne sait pas nécessairement quel est au juste le facteur de stress.
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  • Donnez la priorité aux autosoins et à la relaxation.
    Cela peut consister en deux minutes de respiration profonde avant le travail, à prendre un bain en fin de journée ou à parler à un professionnel de la santé mentale. Si vous êtes un parent ou un aidant, tentez de donner l’exemple de stratégies d’adaptation appropriées et utiles. Les enfants sont des éponges et des imitateurs hors pair!
  • Concentrez vos pensées sur ce que vous pouvez contrôler (par exemple laver vos mains, porter un masque, respecter la distanciation).
    Vu la grande incertitude qui entoure la COVID et les nombreux facteurs qui échappent à notre contrôle, la situation peut sembler écrasante et désespérante. Les dangers semblent moindres et moins intimidants lorsqu’on se sent en contrôle et qu’on a l’impression de pouvoir faire face à toute éventualité.

 

  • Soyez indulgent envers vous-même.
    Rappelez-vous qu’il est tout à fait normal de ressentir du stress et qu’il faudra du temps pour s’adapter à cette « nouvelle normalité ». Si vous avez de la difficulté à gérer le stress, n’hésitez pas à consulter des professionnels qualifiés. Nous sommes en mesure de vous soutenir, que ce soit en personne, au téléphone ou en mode virtuel.
  • Limitez votre consommation de nouvelles.
    Puisqu’une situation de stress déclenche souvent une hypervigilance et nous amène à porter attention à notre environnement, la plupart des gens souhaiteront se renseigner sur la situation de la COVID. Cependant, il n’y a rien de positif à se rappeler constamment la menace. Vous pouvez prévoir un moment spécifique pour vous inquiéter, ou limiter votre durée d’interaction avec ce type d’information (par exemple, écoutez uniquement les nouvelles à 13 h et pendant 20 minutes seulement). Veillez également à puiser votre information à des sources fiables (p. ex. Santé publique, Organisation mondiale de la santé).
  • Évitez d’éviter les peurs.
    Quand on évite les choses qui nous font peur, notre cerveau les catégorisera comme des menaces et activera toujours la réponse au stress lorsqu’il les rencontrera. Faites de votre mieux pour ne pas éviter les activités que vous pouvez faire en toute sécurité (par exemple, si vous avez peur de quitter la maison, faites une balade en voiture ou faites une activité dans la cour).
  • Crainte que votre enfant manque des occasions de socialisation et d’apprentissage.
    Rappelez-vous que l’apprentissage est le processus d’une vie, qui ne se limite pas à quelques mois d’occasions manquées. Les enfants apprennent mieux quand ils se sentent aimés et en sécurité. Essayez de privilégier le contact avec votre enfant et le maintien d’un environnement faible en stress, au lieu de vous disputer avec lui sur l’achèvement des devoirs.
  • Soyez conscient des possibles changements cognitifs. Comme notre cerveau travaille à plein régime pour nous garder en sécurité, nous sommes susceptibles d’éprouver des problèmes de concentration, d’attention, de résolution de problèmes, etc. Faites preuve d’indulgence avec vous-même et avec autrui, car la plupart des gens ne fonctionnent pas à 100 %.
  • Essayez d’instaurer une structure et une routine à la maison, surtout si vous ne travaillez pas ou si vos enfants ne vont pas à l’école. Nos cerveaux ont soif de prévisibilité et de savoir ce qui s’en vient.
  • N’ayez pas peur de prendre des nouvelles d’autrui.
    Appelez votre famille et vos amis. Demandez à vos enfants comment ils envisagent la rentrée scolaire. Ayez une écoute active. Ne tentez pas de « résoudre » le problème; tentez plutôt de valider l’expérience (par exemple en disant « Oui, c’est difficile »). Aidez la personne à résoudre les problèmes d’une façon qui l’aidera à se sentir mieux. Profitez-en pour tisser des liens et pour rassurer. Les menaces comme la COVID nous paraissent gérables et moins formidables quand on ne se sent pas seul. Nous sommes tous dans le même bateau!

 

Regardez « En quête d’une « nouvelle normalité » : L’utilité des services psychologiques pour vous et votre famille en cette ère de COVID »  (en anglais) pour apprendre plus!

 

Dr. Stephanie Price

Au sujet de Dr. Stephanie Price

Stephanie Price est psychologue clinicienne et scolaire chez Mariani and Associates, un cabinet privé situé à Sudbury (Ontario). Elle travaille avec des personnes de tout âge qui ont des troubles de l'humeur et de l'anxiété, des traumatismes, des troubles neurodéveloppementaux, des retards de croissance et de développement, des difficultés d'apprentissage, des problèmes de comportement, des problèmes de compétences interpersonnelles et sociales et des difficultés d'adaptation aux changements de vie. Formée dans ces domaines, Stephanie s’intéresse particulièrement aux cas de double diagnostic et aux personnes ayant des troubles de développement. Elle a fait de nombreuses présentations pour diverses agences et organisations dans le Nord de l'Ontario.


 

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