La socialisation au travail

Two men around the corner of a desk having a conversation.
Sarah Southey, MServSoc, TSI,

4 minutes de lecture 

Le travail est intrinsèquement une activité complexe et fastidieuse. Socialiser au travail peut s’avérer encore plus compliqué. La plupart des emplois nécessitent une quelconque forme de travail d'équipe et de communication; cependant, la communication sociale pose plus de difficulté aux individus qui vivent avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) qu’au reste de la population (American Psychiatric Association, 2013). Dans ce contexte, la socialisation peut être source de stress en milieu de travail (Hayword, McVilly et Stokes, 2019). Selon une étude récente (Lorenz, Frischling, Cuadros et Heinitz, 2016), l’inquiétude entourant la socialisation au travail constitue pour les personnes TSA le plus courant des obstacles à l'emploi et le principal problème au travail.

Conseils pour optimiser la réussite sociale en milieu de travail

  1. Faites le point sur votre environnement physique immédiat
    Votre bureau est-il situé près d'un couloir achalandé? Est-ce que le constant bavardage de vos collègues vous distrait? Se faire attribuer un bureau situé dans un espace plus calme et retiré est une mesure d’adaptation habituellement gratuite et très utile pour gérer le stress général au travail. Réfléchissez à vos besoins sensoriels, et renseignez-vous sur les mesures d’adaptation physique simples.
  2. Veillez à ce que les personnes concernées soient au courant de vos points forts et de vos différences. 
    C’est entièrement à vous qu’il appartient de décider s’il faut divulguer ou non votre état, comment le divulguer et quand le divulguer. Peu importe les détails de la divulgation, il est essentiel que votre superviseur et vos collègues immédiats comprennent vos points forts et les modes d’apprentissage et de collaboration qui vous conviennent le mieux. Voici un exemple de script entre pairs : « Christine, j'ai hâte de travailler avec toi sur le projet Z. À l'avenir, peux-tu s'il-vous-plaît m'envoyer avant la réunion tes points de l'ordre du jour, pour je puisse mieux me préparer? ». Les personnes autistes sont plus susceptibles de réussir au travail lorsque leurs principaux collègues comprennent leur état (Hayword et coll., 2019).
  3. Communiquez fréquemment avec votre superviseur. 
    Dresser régulièrement un bilan avec votre superviseur à un moment prédéterminé vous aidera énormément à vérifier si vous êtes sur la bonne voie et à détecter les problèmes avant qu’ils ne prennent trop d’ampleur. Même si elle se limite à 15 minutes par semaine, cette pratique améliore la communication.
  4. Trouvez un mentor au travail. 
    À l’exclusion de votre supérieur immédiat, il est bon de pouvoir compter sur un pair sur qui on peut tester des idées, et qui peut nous apprendre des choses. Il est particulièrement utile d’avoir un mentor qui joue un rôle très similaire au vôtre, car il est peut-être mieux placé que votre superviseur pour comprendre certaines nuances et considérations techniques du poste. Le mentorat représente également une occasion d’épanouissement pour le mentor lui-même. Si vous souhaitez donner suite à cette recommandation, commencez par avoir une conversation avec votre superviseur.
  5. Vous n'avez pas besoin d'être ami avec TOUT LE MONDE au travail. 
    People Sitting Beside Table

    Dans ma pratique clinique, je vois souvent des clients qui pensent que pour réussir leur socialisation, ils doivent être aimés de tout le monde. Il n’en est rien. Visez à établir des liens avec un ou deux collègues, en privilégiant la qualité plutôt que la quantité. Quelques relations fiables et significatives vous seront beaucoup plus profitables que des relations superficielles avec une foule de collègues.
  6. Planifiez un peu à l'avance les bavardages autour de la machine à café
    Je vais vous révéler un secret... Souvent, les personnes qui sont le plus à l’aise dans les situations sociales sont les personnes qui y réfléchissent et qui les planifient à l'avance. Michelle Garcia Winner (2011) nous propose de nombreuses ressources utiles de « réflexion sociale ». Ce serait aussi une bonne idée d’examiner les documents concernant le programme « PEERS » (Laugeson et Frankel, 2010).
  7. Constituez-vous un capital social - et payez au suivant avec quelques Timbits.
    À part de la communication directe qui solidifiera vos relations sociales, les petits gestes d’amabilité peuvent vous valoir un très grand crédit auprès de vos pairs. Occasionnellement, le fait d’apporter une petite gâterie, de retourner une faveur ou d’offrir à vos collègues de leur ramener un café quand vous allez chercher le vôtre est un excellent moyen de montrer que vous vous souciez d’eux.
  8. Préparez des « scénarios d’esquive » pour décliner les occasions sociales. 
    Une rencontre bruyante, achalandée et imprévisible à l’heure de l’apéro vous met mal à l’aise? Ne forcez pas les choses. Ou bien trouvez des « scénarios d’esquive » pour justifier votre absence (Laugeson et Frankel, 2010). Exemple : « Je n’irai pas à l’apéro, parce que je dois sortir mon chien après le travail ». Dans un contexte plus officiel, il peut être important d'examiner si les éléments sociaux de vos mesures d’adaptation sont vraiment nécessaires dans les circonstances.
  9. Évaluez votre adéquation à l'emploi. 
    Si vous vous investissez dans votre travail et que vous le faites bien, vous en retirerez vraisemblablement une plus grande satisfaction et une plus grande estime (Lorenz et coll., 2016). Et ce, encore plus si les valeurs de l'entreprise vous rejoignent.
  10. Prenez soin de vous à l’extérieur du travail. 
    Un emploi, c’est exigeant sur le plan social comme sur le plan mental. Il peut être utile de parler du stress au travail à des amis, à la famille ou à des professionnels en santé mentale. Il vous faut absolument, hors du travail, prendre soin de vous en faisant des activités qui vous redonnent de l’énergie.

En résumé, sachez que tout le monde ressent davantage de stress face aux exigences de communication sociale au travail. Par-dessus tout, envisagez les mesures d'adaptation qui vous aideront à naviguer dans certaines situations sociales et communiquez régulièrement avec votre superviseur. Il est essentiel de privilégier votre santé physique et votre santé mentale, au travail comme à l'extérieur du travail. Puisque le « travail » occupe une si grande partie de notre vie, je vous encourage à prendre dès maintenant le temps de trouver l'équilibre social qui vous convient.

 

Références

          American Psychiatric Association [APA] (2013).DSM-V diagnostic and statistical manual of mental disorders.Arlington: VA: American Psychiatric Association

          Garcia Winner, M. & Crooke, P. (2011). Social Thinking at Work. Think Social Publishing and North River Press, California.

          Hayword, S. McVilly, K.R., & Stokes, M. A., Autism and employment: What works. (2019) Research in Autism Spectrum Disorders 60, 48-58

          Laugeson, E.A. & Frankel, F. (2010). Social Skills for Teenagers with Developmental and Autistic Spectrum Disorders. The PEERS Treatment Manual.  Routledge, California

          Lorenz, T. Frischling, C. Cuadros, R. & Heinitz, K. (2016) Autism and Overcoming Job Barriers: Comparing Job-Related Barriers and Possible Solutions in and outside of Autism-Specific Employment. PLoS ONE 11(1):

 

Sarah Southey

Au sujet de Sarah Southey, MSW, RSW

Travailleuse sociale (M.S.S.) affiliée au Redpath Centre, Sarah voit des clients à Mississauga, à Toronto et en consultation virtuelle. Elle a plus de douze années d'expérience pratique auprès avec des adolescents et des adultes ayant un TSA, un TDAH, des troubles d'apprentissage ou des problèmes de santé mentale. Dans ses activités de counselling et de recherche, elle souhaite tout d’abord aider les personnes autistes à trouver et à conserver un emploi intéressant. Ses séances de consultation font appel à des techniques de thérapie cognitivo-comportementale et sont axées sur les solutions.

 

 


 

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